Archives pour la catégorie Témoignage

Premiers pas en ehpad

Le Cénacle de Fourvière

Sœur Annie est entrée à l’EHPAD du Cénacle de Fourvière en juin 2019. C’est un passage difficile à faire… mais elle nous livre comment elle vit cette nouvelle étape. L’émerveillement lui permet de voir le positif de la vie.

Résidant à l’EHPAD du Cénacle, depuis Juin, il m’a semblé bon de vous partager ce que je vis.

Je demeure dans « la chambre haute » (3e étage). De mes deux fenêtres, d’un côté je contemple le lever et le coucher du soleil, ainsi qu’une vue magnifique sur la ville de Lyon et sur les monts à l’horizon lointain. Je respire l’air des hauteurs ! De l’autre, je vois le chantier et les ouvriers travaillant sur le toit d’une maison en réhabilitation. J’entends aussi les cloches de la Basilique chanter chaque matin les louanges à Marie !

Sr Annie sur le départ

Entre le lever et le coucher, je ne m’ennuie pas. Après le temps de méditation, je rejoins Claude, résidente à mon étage, heureuse de pouvoir marcher avec son déambulateur, à condition que quelqu’un l’accompagne par crainte de tomber. C’est une aubaine pour moi aussi de marcher dans le parc de la maison, admirer les crocus jaunes – ramasser les prunes et les noix tombées au sol – Faire remonter en mémoire des chants et des poèmes de notre jeunesse…

Je bénéficie des services d’orthophoniste et de kiné sur place et des offices dans la belle chapelle de la maison, ainsi que l’Eucharistie quotidienne ici ou à la Basilique le dimanche.

Chaque soir, avant de m’endormir je pense à vous toutes et vous confie au Seigneur.

Pour terminer une petite histoire de malentendant : un soir, à table, des lentilles sont au menu. Ma voisine  dit : «  Ce sont des lentilles de boîte  ». Je comprends «  des lentilles d’angoisse  » Je réponds :  « Ah bon, les lentilles font disparaître l’angoisse ?  » – « Non » me dit-elle en reprenant sa phrase  ! Les éclats de rire fusent  !

Annie Falconnier

Une retraite en EHPAD

Le nouvel EHPAD de Châteauvieux à St Symphorien d’Ozon

Il n’y a pas qu’en Afrique qu’il y a du neuf  ! Après la journée spirituelle du 18 décembre à la Maison mère, nous en avons eu une « répétition » en EHPAD avec Marie-Thérèse Beaune et l’équipe de coordination Sainte Enfance.

Pour celle du 13 mars, il nous a été dit qu’il n’y aurait pas de répétition possible mais que nous aurions autre chose pour compenser et pour éviter de nous transporter à la maison mère pour une retraite.

Autre chose  ? Surprise  ? Nous étaient proposés trois jours de retraite « à domicile » avec la présence de l’équipe coordinatrice et les sœurs de la Ferme[1]. Le prédicateur était le curé de la paroisse de St Symphorien d’Ozon, le père Bernard Badaud.

Nous avions chaque jour  :

  • À 10 h  : 30 minutes de réflexion ouverte sur la vie à partir de l’évangile.
  • À 12 h  : Bernadette, Renée et Marie-Jo venaient partager le repas à nos tables respectives, en changeant de table chaque jour.
  • À 16 h  : Prière ensemble à l’oratoire, suivie, le dernier jour, d’un partage de nos réactions et d’un sympathique goûter.

Quel bon temps en congrégation avons-nous vécu !

Merci à l’équipe de coordination pour la présence de chacune. Son adaptation à nos besoins, nos handicaps et à notre maison. Merci aux sœurs de la Ferme pour leur présence avec nous et pour tout le soin de l’organisation matérielle, spirituelle, accompagnante. Ce fut simple, détendu, détendant, riche, intériorisant. Temps de présence ensemble chez-nous en s’adaptant à nous. Nos compagnons de vie étaient heureux d’avoir des invitées à leur table  ; à chacune ils ont souhaité de revenir.

Nous avons exprimé  notre joyeuse reconnaissance et le désir d’un renouvellement de ce temps fort – simple et riche ensemble – pour toutes.

Oui, merci pour ce bon temps fort de vie en congrégation à domicile!

Marinette Reynard


[1] Communauté qui se trouve dans l’enceinte de l’Ehpad

Je viens du cameroun…

Ils ont marché… marché… marché… des miliers de kilomètres

Un parcours comme des milliers d’autres

Depuis de nombreuses années, Monique (85 ans) est engagée auprès des demandeurs d’asile. Les démarches et les visites s’enchaînent.

Nous étions dans le même bus, nous sommes descendues au même arrêt et nous avons pris la même direction : le Foyer pour les demandeurs d’asile où j’allais faire une visite. C’est là que réside Nadia avec ses jumeaux.

Nous nous sommes saluées et tout en marchant la conversation s’est engagée :   

  • Quel est votre pays d’origine ?
  • Le Cameroun me répond-elle,
  • Je suis restée 12 ans au Cameroun,
  • À Yaoundé, sans doute ?
  • Non, à l’Extrême Nord,
  • Mais moi, je suis de Maroua, alors vous connaissez le fulfuldé[1] ?
  • Non, car j’ai appris la langue des gens du village où je me trouvais.

« Migrants et réfugiés ne sont pas des pions sur l’échiquier de l’humanité. Il s’agit d’enfants, de femmes et d’hommes qui abandonnent tout, et qui partagent le même désir légitime de connaître, d’avoir mais surtout d’être plus. » Pape François


Arrivées au Foyer, Nadia pose le landau à l’entrée, près des escaliers. Maintenant il lui faut monter quatre étages avec ses deux enfants ; elle met l’un au dos, l’autre dans ses bras, je me charge du sac des courses…

Nadia m’explique qu’elle est logée au quatrième étage car c’est un petit studio avec les sanitaires qui lui a été attribué, ce qui lui facilite la tâche avec ses bébés de 6 mois.

Il faut savoir que tous les autres demandeurs d’asile (femmes avec enfants, couples, etc… sont logés dans deux ou trois pièces avec les sanitaires et la cuisine en commun à chaque étage).

Arrivées chez elle, Nadia donne le biberon à ses enfants et me parle d’elle :

«  Vous savez que Boko Haram sévit au Nord Cameroun. Ils ont tué mon mari, ils voulaient me marier, j’ai refusé alors j’ai fui au Nigéria, mais là-bas c’était pareil, j’ai fui en Lybie et puis j’ai fui… j’ai fui… j’ai mis 4 ans pour arriver ici… »

Un long silence s’en suit… que de souffrances ont dû marquer ce long périple !… quelle force intérieure habite cette jeune femme  pour qu’elle soit arrivée saine et sauve au bout de son parcours…

– «  Vous avez d’autres enfants au Cameroun ?

– Chez nous, les Peulhs, quand c’est le moment d’aller chez le mari, tu n’as pas le choix : j’ai eu ma première fille à 15 ans… j’ai 3 enfants, ils sont avec ma mère au Cameroun. »

Ses jumeaux sont calmes, souriants : Nacin est le nom du garçon et Marie France celui de la fille : ce nom ne signifierait-il pas toute l’espérance que Nadia met dans notre pays qui lui a offert un premier accueil ?…

Elle n’a pas encore été convoquée à l’OFPRA[2], j’ose espérer que sa demande d’asile lui sera accordée.

Monique Desbourbes



[1] Langue de l’ethnie Peulh dont elle fait partie

[2] Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides